La préparation du défi
Cette année, l’opération #MoveForMuco est reconduite. À cette occasion, il fallait retrouver un nouveau défi ! Après une relecture d’anciens cahiers d’entraînements, voici ce que j’ai retrouvé sans l’avoir jamais totalement oublié :
Le jeudi 17 avril 1997
- Rivière : la Mayenne.
- Parcours : Mayenne (club) – Pont de Daon
- Distance : 83.3 km.
- Embarcation : wavehopper.
- Pagaie : pagaie cuillère.
- Durée : 13h30.
- Remarque : 38 barrages dont 20 portages et 18 de passés, des enfants m’ont encouragé lors du passage d’un barrage, beaucoup de canards, un héron m’a accompagné de Château-Gontier à Daon, les paysages vus de la rivière sont magnifiques !
La décision est donc prise de refaire la descente Mayenne – Daon le dimanche 17 avril 2022, 25 ans après, avec le même kayak !
Malgré un emploi du temps chargé, j’ai pu réessayer cette embarcation et reprendre une pagaie cuillère. Les sensations et le geste sont vite revenus. Pourtant, il a fallu tout se remémorer : la position des mains sur la pagaie, la position des mains par rapport à l’axe du bateau et à la hauteur des yeux, la rotation des épaules, la poussée sur les jambes… bref, beaucoup d’éléments à prendre en considération en très peu de temps. Le seul essai que je n’ai pas réalisé en entraînement, c’est l’embarquement et le débarquement sur les pontons en amont et en aval des écluses. Ces pontons sont destinés aux bateaux de plaisance, donc très difficilement accessibles aux kayakistes.
Ronan, un enfant atteint de la mucoviscidose, a dessiné sur le dossard imprimé à l’occasion de ce défi. Valérie, sa maman, m’a aussi donné une astuce hydratation : jus de raisin, eau et un peu de sel ! Par la suite, cette astuce se montrera très efficace.
Le jour du défi
Mayenne – Laval (environ 35 km)
Il est 5h45 lorsque j’arrive au club de canoë-kayak de Mayenne. Le temps de préparer le reste du matériel, d’insérer le bidon étanche dans le kayak et d’enfiler le t-shirt #moveformuco par dessus le gilet d’aide à la flottabilité, il est autour de 6h lorsque je donne mes premiers coups de pagaie. Naviguer au clair de lune offre une atmosphère assez magique. Me voici au ponton de l’écluse de Mayenne pour mon premier débarquement… et pour une première, je me suis bien débrouillé, acquisition confiance débarquement au top ! Comme l’étiage est en cours entre le barrage de Mayenne et celui de Saint-Baudelle, l’embarquement s’avère beaucoup plus difficile : la hauteur entre le haut du ponton et la rivière est bien trop élevée pour envisager de l’utiliser. Je choisi donc d’embarquer légèrement en amont du ponton, le long de la pente. En effet, quelques aspérités au niveau d’une pierre m’autorisent à m’agripper pour rentrer dans mon kayak. C’est fait ! Direction le barrage de Saint-Baudelle.
Là encore, naviguer sur une partie de la rivière en écourue, au clair de lune avec de la brume est plutôt envoûtant. Cette fois, c’est le véritable test pour embarquer. Du haut du ponton je lâche mon kayak et j’embarque debout. Je me maintiens au bord tout en m’asseyant dans mon bateau, et voilà ! Acquisition confiance à l’embarquement ok ! Désormais ce n’est plus seulement de la brume au dessus de la rivière, mais le brouillard. Par endroit, la visibilité est très réduite. Tellement que je ne vois que des masses sombres formées par les arbres sur les berges. Vers le barrage de Grenoux, je croise un marcheur d’un certain âge qui me demande où je vais. Je lui fais part de mon défi, lui s’arrêtera à Laval. Je le recroise à Montgiroux où il me dit, non sans humour, qu’avec le nombre de barrages infranchissables qui m’obligent à débarquer, il sera rendu à Laval avant moi !
Le périple se poursuit et je m’accorde une « pause Nuts » à Montflours en attendant Clervie, Merlin et Valentine qui doivent me rejoindre à vélo. Après quelques minutes, je décide de repartir pour ne pas perdre trop de temps. Finalement, nous nous rencontrerons à l’écluse de la Maignannerie. Iels ont rencontré des problèmes techniques, les obligeant à s’arrêter plusieurs fois en moins d’une heure. Nous continuons notre défi vers Laval. Arrivé⋅es à l’écluse de Belle-Poule, Clervie et Merlin se lancent en direction du club de canoë-kayak de Laval afin de prévenir les membres de notre arrivée.
Laval – Château-Gontier-sur-Mayenne (environ 36 km)
Les membres du club de canoë-kayak de Laval nous accueillent et sont prêt⋅es à partir ! Didier, Emilie, Jean et Olivier m’accompagneront pour le reste de la descente. Mais avant de partir, il est l’heure de se sustenter. Tout le monde est là, les enfants, papi et mamie, les descendeur⋅euses et les responsables de la logistique. Il est temps de partir.
Clervie, Merlin et Valentine filent à vélo vers le barrage du centre-ville. La descente du centre-ville de Laval en kayak est magnifique avec une excellente vue sur le château. La veille, Didier avait effectué un repérage des lieux afin de constater la faisabilité de la descente du barrage. En effet, à partir de Laval, presque tous les barrages peuvent être passés – en fonction du niveau d’eau, du niveau des pratiquant⋅es et du matériel utilisé, ne pas tenter de descendre un barrage sans l’avis des pratiquant⋅es expérimenté⋅es. Demandez l’avis de ces dernier⋅es dans les clubs canoë-kayak les plus proches.
Le premier barrage est franchi, ce qui nous permet de nous familiariser avec la température de l’eau qui recouvre entièrement l’avant de l’embarcation lors du passage. En route vers le barrage d’Avesnières. Le passage est là aussi possible. Tout se passe bien et nous nous dirigeons vers le barrage de l’Huisserie. Là encore, le passage ne pose pas de difficulté particulière. Cependant, si le niveau d’eau est assez bas pour autoriser la descente des barrages, il ne faudrait pas qu’il soit plus haut.
Au niveau d’Entrammes, nous passons dans un bras qui nous offre une vue imprenable sur la végétation et les édifices ! Nous sommes dans l’obligation de débarquer puisque le barrage n’est pas passable. C’est aussi l’occasion de grignoter un fruit ou une barre de céréales. Entre Origné et Houssay, les premières douleurs commencent à se faire sentir. Elles sont gérables, et en cas de baisse de moral, j’ai une vue imprenable sur le dossard réalisé par Ronan et sur le reste du groupe qui me motive. Certains biefs sont d’une longueur qui paraît sans fin. Pour autant les paysages sont toujours aussi magnifiques. Parfois, nous ne passons pas les barrages : trop de cailloux dans le bas, rappel potentiellement dangereux… Il n’est pas nécessaire de prendre des risques, que ce soit pour le matériel ou les pratiquant⋅es.
Le nouveau viaduc de contournement de Château-Gontier-sur-Mayenne est dans notre champ de vision, nous approchons du prochain club de canoë-kayak ! Mais avant, nous devons passer un autre barrage… sans encombre ! Nous nous arrêtons ensuite à la capitainerie pour saluer Christian, nous reposer un peu et grignoter. Christian nous présente les nouveaux lieux que nous ne connaissions pas. Il est déjà temps de repartir en direction de Daon…
Château-Gontier-sur-Mayenne – Daon (environ 12 km)
C’est parti pour Daon ! Plus que 12 km et, en même temps, encore 12 km. Les douleurs se font ressentir. Rien d’anormal, juste de la gêne dans les mouvement. Le temps parait aussi plus long et la rivière interminable… Ces 12 km se font principalement au mental : un coup d’œil sur le dossard et sur mes compères, et c’est reparti ! Le réconfort, c’est aussi de savoir que tous les barrages suivants peuvent être passés, à l’exception de celui de Fourmusson selon le niveau d’eau. Là encore, un long bief sépare deux barrages. Savoir qu’il reste encore 5 km avant le dernier barrage est à la fois dur et soulageant.
Nous arrivons enfin au barrage de Fourmusson. Nous prenons la décision de débarquer, plus pour nous dégourdir les jambes que par impossibilité de descendre. D’ailleurs, c’est sûrement l’un des débarquements les moins élégants à inscrire sur mon tableau ! Une chose est sûre, la fatigue est bien présente. En revanche, aucun problème à signaler au niveau de l’embarquement qui est plutôt très réussi ! Du barrage, il reste à peu près 1,5 km jusqu’au pont de Daon. Une grande ligne droite, un virage et le pont de Daon nous fait face. Lorsque nous approchons, tout le monde est sur la berge à nous encourager. Nous nous dirigeons vers le pont, nous passons une portée puis nous remontons vers le groupe qui nous attend.
Défi réussi ! Les 83,3 km ont été réalisés dans la journée.
Un immense bravo à Clervie et Merlin qui ont parcouru plus de 65 km à vélo !
Embarquer, pagayer, débarquer, monter, tirer, pousser, soulever, tenir, retenir, descendre, courir, marcher, grimper, sauter, s’agripper, essayer, douter, recommencer, lutter, résister, s’accrocher, ne rien lâcher… garder le souffle !
Merci à Ronan et Valérie, pour le dossard et les conseils hydratation !
Merci à Didier, Émilie, Jean L. et Olivier du Ck Laval de m’avoir accompagné de Laval jusqu’à Daon. Également à Jean H. Pour la logistique !
Merci à Christian pour son accueil à la capitainerie de Château-Gontier-sur-Mayenne !
Merci à Roger et Maryvonne pour les activités proposées à Iseult et Orion tout au long de la journée et pour la logistique !
Merci à Clervie, Merlin et Valentine de m’avoir accompagné à vélo le long du halage !
Merci au club de canoë-kayak JSPA Mayenne pour le soutien moral et matériel et pour la mise à disposition de l’espace d’expression.
N’oubliez pas la cagnotte du défi, les micro-dons sont possibles (dans la section « montant libre ») :
https://mondefi.vaincrelamuco.org/projects/wave-for-muco-fr
Encore un grand Merci !
Marc.