Les années 1960 : le compte-rendu de descente

Compte-rendu de descente la Mayenne page 1

Le compte-rendu de descente, un outil informatif…

Les pionnier⋅ères parcourent les rivières nord-mayennaises à vue et les défrichent au fil de la navigation. Iels explorent chaque passage, essayent de franchir chaque obstacle, contournent chaque rocher, observent chaque mouvement d’eau, regardent chaque arbre. Ce véritable travail d’exploration se fait au prix d’un nombre incalculable de dessalages et de bains, d’affaires trempées et de matériels cassés… mais aussi de moments d’entraide et de partage, d’éclats de rire et de souvenirs. Tous ces parcours sont consignés dans un document rédigé après chaque séance : le compte-rendu de descente. Différentes données sont relevées lors d’une descente, telles que le nom de la rivière, les horaires de départ et d’arrivée, le lieu de la sortie, la météo, le niveau de la rivière, le matériel perdu ou cassé, les différents équipages… Toutes ces données sont ensuite compilées dans le compte rendu de descente. Elle peuvent faire l’objet de notes spéciales et de schémas. Ces notes renseignent sur les difficultés potentiellement rencontrées sur les parcours. Elles servent à éclairer les futur⋅es pratiquant⋅es sur les trajectoires à emprunter et participent ainsi à la mémoire collective. De plus, les rivières sont ensuite classées par complexité : possible pour les néophytes ou les plus confirmé⋅es.

… et utile !

Parmi les rivières mayennaises pratiquées par les pionnier⋅ères au début des années 1960, nous pouvons citer la Mayenne, l’Aron, la Colmont, l’Ernée et la Varenne. Hors du département, il s’agit régulièrement de la Sarthe et parfois le Scorff et l’Ellé lors des critériums. Pour une même rivière, les notes informent également des conditions de parcours différentes en fonction de la météo. Ainsi, la Mayenne, bien que classée comme sans difficulté en temps normal pour le parcours allant de la carrière de Saint-Fraimbault-de-Prières à la piscine découverte de Mayenne (camping actuel), se révèle plutôt ardue lorsqu’un vent fort de face vient ralentir la navigation. Une note datant du 24 janvier 1960 en fait état : « Ce parcours sans obstacle n’est pas à faire par grand vent de face. Ce parcours devenant alors très dur ». Réalisée le 24 octobre 2020 dans des conditions similaires, cette portion de rivière est effectivement très compliquée à naviguer.

De l’écrit à l’oral

Certains passages, remarquables par leur difficulté ou leur technicité, sont affublés d’un nom qui fait référence au lieu ou à une métaphore. Parfois, personne ne sait vraiment expliquer pourquoi tel ou tel passage est nommé ainsi. En revanche, un nom de passage évoque aussitôt le nom de la rivière, et vice-versa. Ainsi, la « Passerelle de Fer », le « Moulin neuf », la « Table Ronde » ou le « Saut du Loup » sont des passages emblématiques de la Colmont, rivière du bocage mayennais. La répétition de la navigation sur les mêmes parcours et sur les mêmes passages, au fil des saisons, a permis d’amasser une grande quantité d’informations. Ces dernières ne sont plus forcément retranscrites, mais aussitôt assimilées par les canoéistes et les kayakistes puis transmises oralement aux autres pratiquant⋅es.

Aujourd’hui, l’exercice des prises de notes par le compte-rendu de descente n’existe plus. Peut-être faudrait-il reprendre cette activité afin de réaliser une mise à jour, voire une étude comparative diachronique de la navigabilité des rivières mayennaises… Pour autant, en cas de sortie sur une rivière inconnue, il est impératif d’effectuer une reconnaissance de ladite rivière avant toute navigation. L’idéal est toujours de rencontrer les canoéistes et kayakistes locaux⋅ales pour être informé des écueils ou passages complexes. Il est même souhaitable d’opérer une ou plusieurs descentes accompagné⋅e des pagayeur⋅euses autochtones. Dans le même sens, il est aussi très fortement recommandé d’opérer une reconnaissance lorsqu’une rivière connue n’a pas été descendue depuis longtemps ou après un phénomène météorologique important : orage, crue, tempête, etc. D’ailleurs, chaque rivière mériterait un article, mais c’est une autre histoire…

Photos : Club de canoë-kayak JSPA Mayenne.
Article réalisé à partir des archives du club de canoë-kayak JSPA Mayenne.

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