Les années 1950 : les pionnier⋅ères

Initiation canoë sur la Mayenne

Le développement du canoë-kayak en Mayenne

Le commencement

Raoul Vieren, sportif de haut niveau originaire de Bretagne, arrive en Mayenne, et plus particulièrement à Mayenne, en 1953 comme attaché à la direction des sports. Il occupe alors le poste de maître d’arrondissement chargé par monsieur Legendre, directeur départemental des sports, de mettre en place le canoë-kayak. L’époque est favorable à ce type de sport. En effet, monsieur Maurice Herzog, qui sera secrétaire d’État à la Jeunesse et aux Sports de 1958 à 1966, éprouve un attachement particulier envers les sports de plein air.

Ainsi, monsieur Legendre missionne Raoul Vieren et le charge de développer le canoë-kayak dans le département de la Mayenne. La direction générale des sports aidant financièrement, mais aussi matériellement en fournissant des bateaux. Cependant, Raoul Vieren, qui pratique le football, le basketball, le handball, l’athlétisme et la musculation, déclare à monsieur Legendre qu’il est totalement ignorant en canoë-kayak. En réponse, ce dernier lui signale simplement que ce fait n’est pas bien grave et qu’il fera un stage à Vallon-Pont-d’Arc pour apprendre la discipline.

La création d’une équipe

Après 15 jours de formation en Ardèche mêlant l’escalade, le canoë-kayak et la spéléologie, Raoul Vieren revient en Mayenne avec une idée bien précise, celle de constituer une équipe encadrante. Par chance, lors de son retour, il entend parler d’un instituteur de Mayenne qui avait déjà pratiqué le kayak. Il décide donc de le rencontrer au plus vite dans son établissement scolaire. Lorsqu’il arrive sur les lieux, Raoul Vieren regarde par la fenêtre de la salle de classe. Il est très surpris d’entendre puis d’apercevoir des élèves chanter à quatre voix sans même la présence de leur instituteur. Il écoute un moment quand soudain il sent une main se poser sur son épaule : c’est Jean Thuillier, dit « Palou ».

Puis, d’autres rejoignent l’équipe : Michel Kergrohen, Jean Rouby, Daniel Houdin, Paul Coulange, Georges Thiol, Marie-Solange Thiol, Pierre Collet, Claude Bréhin, Jean Loiseau, Pierre Morinière. Mais aussi des plus jeunes comme Claude Gaugain, Patrick Launay, Françoise Legall, Jean-Pierre Morinière, Gérard Rebou et Gabriel Ribay. Les pionnier⋅ères sont présent⋅es…

Les débuts du canoë-kayak en Mayenne

Les premières sorties des pionnier⋅ères

Tout d’abord, ce groupe de passionné⋅es entreprend, avec le concours du lycée professionnel, le renforcement des 4 canoës issus de la dotation de la direction générale des sports. Bien que neuves, ces embarcations n’autorisent pas, dans leur état initial, une utilisation sur des rivières sportives telles que la Colmont dans le bocage mayennais. Cette rivière est d’ailleurs le théâtre de la première sortie des les pionnier⋅ères, et pas des moindres : le parcours choisi doit relier Gorron à Oisseau en 3 heures.

Si le départ de Gorron a bien eu lieu à 9 heures du matin, les canoéistes n’arriveront jamais à midi sur Oisseau, mais à 18 heures pour un retour à Mayenne vers 19 heures. Une véritable expédition ! Découvrir la rivière à vue, dessaler, vider les bateaux, franchir des obstacles inconnus, éviter les arbres en travers de la rivière sont autant d’embûches qui ralentissent la progression des pionnier⋅ères. Pourtant, cette expérience enrichie les connaissances du groupe et incite les membres à prendre des notes et à restituer les observations réalisées.

L’association JSPA Mayenne

Ainsi, le groupe de les pionnier⋅ères commence à s’organiser afin de créer une association sportive le 8 avril 1959 – Parution au Journal Officiel du 23 avril 1959 – elle portera le nom de Jeunesse Sports Plein Air Mayenne (JSPA Mayenne). Michel Kergrohen en sera le président pendant 3 années, Jean Rouby sera le trésorier et Raoul Vieren sera le secrétaire. Quelque temps avant Raoul Vieren, son frère jumeau lança le canoë-kayak dans le Morbihan. Une descente de la Varenne est organisée avec les morbihannais comme démonstration pour le public mayennais.

C’est le départ de la construction d’une remorque, puis de l’achat d’un véhicule, puis de 10 bateaux supplémentaires afin de naviguer sur la Colmont, la Varenne, la Mayenne, la Sarthe. Les sorties se soldent par de multiples bains puisque les canoës ne possèdent pas de pontage pour empêcher l’eau de pénétrer à l’intérieur des embarcations. De plus, ces expéditions sont parfois assez périlleuses. C’est alors que le nouveau président de l’association, Paul Coulange, industriel textile localisé à Mayenne, confectionne les premiers pontages – aujourd’hui appelées jupettes – avec des matières plastiques assurant l’étanchéité.

L’essor de la pratique

Lorsque les sorties sont organisées, la direction générale des sports préconise de se doter d’un sac avec plusieurs affaires de rechange. Devant la fréquence des dessalages, les membres de l’époque finissent par abandonner cette recommandation : si une personne doit être mouillée, elle le sera jusqu’à l’arrivée et ne se changera qu’une fois l’activité terminée. Cette méthode réduit la logistique et la durée des parcours. C’est ce principe qui perdure encore aujourd’hui même si les dessalages sont moins nombreux. Parallèlement à l’activité du canoë-kayak, la JSPA Mayenne dispose d’une école de voile à La Guérinière sur l’île de Noirmoutier.

Les fonds récoltés grâce à cette école servent à financer les déplacements sur les compétitions de canoë-kayak organisées dans les montagnes françaises, mais aussi à subventionner la construction du club de canoë-kayak de Mayenne. Effectivement, l’entreposage des bateaux s’est d’abord fait à l’ancienne piscine découverte de Mayenne, ensuite dans la buanderie de l’hôpital de Mayenne jouxtant le pont MacRacken, puis sur la route d’Aron dans un hangar qui n’existe plus : sur l’emplacement de la Section d’Enseignement Général et Professionnel Adapté Jules Ferry. Enfin, le club a été construit à son emplacement actuel au 17 rue Pasteur au début des années 1960. Mais c’est une autre histoire…

Photos : Jean Loiseau et al.
Article réalisé à partir des entrevues de Raoul Vieren menées par Patrick Berçon-Mène.

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